Grand-mère

Publié le par le salon où

Dimanche c'était sa fête

 

                          grand-mère

 

 

 

 

Les lunettes de ma grand-mère


 

J'entends encore sa voix si chère,

Je vois le sourire indulgent

De ma bonne vieille grand-mère

avec ses lunettes d'argent.

 

Plus d'une fois l'oreille pleine

des récits qu'elle me contait

Je lui tins l'écheveau de laine

pour mes bas qu'elle tricotait.

 

A me poser l'heure venue

elle prenait un soin jaloux

le soir ma prière ingénue

je la disais sur ses genoux.

 

Un mot câlin, une caresse

et d'elle j'obtenais tout ... mais

les bésicles ! défense expresse

pour moi de les toucher jamais.

 

Tambours, cerceaux, trompettes

que de jouets j'aurai donnés

pour sentir les belles lunettes

à califourchon sur mon nez.

 

Un jour les voilà par mégarde

sur son évangile à fermoir

grand-mère dort, je me hasarde

je les tins ...Enfin je vais voir.

 

En toutes hâte je les glisse

dans les boucles de mes cheveux

singeant grand-mère avec malice

j'écarquille mes petits yeux.

 

Quand par malheur l'ample monture

sur mon nez s'équilibrant mal

dégringole ... et de l'enchâssure

sans se briser sort le cristal.

 

Dans l'étui, quel trait de lumière

je la replace promptement

le coin de l'oeil quittant grand-mère

qui se réveille doucement.

 

J'alignais plein d'inquiétude

mes soldats de plomb sans les voir

elle allait comme d'habitude

faire sa lecture du soir.

 

Le livre dans ses mains distaites

et pendant qu'elle remettait

sans penser à mal, ses lunettes

comme mon petit coeur battait.

 

Mais qu'ais-je donc, dit- elle emue

en passsant la main sur son front

quel nuage obscurcit ma vue

mes yeux, mes pauvres yeux s'en vont.

 

En rapprochant tout tremblant

les feuilles si souvent  relus

de la lumière vacillante

A bonté du ciel, je n'y vois plus !

 

Je me glisse alors sous la table

je prends les verres tombés là

et cachant ma mine coupable

Bonne Maman, tiens les voilà.

 

Ah ! c'est toi ... ! Sa voix alterée

se tut. Aprés de longs efforts

Grand-mère à peine rassurée

replaça les verres. Alors

ses lèvres restèrent muettes

Mais son front était radieux

car en retrouvant ses lunettes

elle avait retrouvé ses yeux.

 

Pour moi la peine fût sévère

en me coucahnt quel désespoir

pour la première fois : grand-mère me dit :

Point de baiser ce soir !

 

 

lunette-grand-mere.jpg

 

 

 

Je garde ce merveilleux souvenir de cette grand-mère .

Et vous ?

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A
Bonjour, ma grand-mère nous récitait souvent ce texte et je trouve sympa de retrouver quelqu'un qui le connait aussi. Connais-tu l'auteur? Merci<br /> Auré
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L
<br /> <br /> Je ne connais pas l'auteur... malheureusement.<br /> <br /> <br /> Je l'ai trouvé sur une feuille de cahier, avec une écriture ancienne, dans mes reliques.<br /> <br /> <br /> Je te souhaite un beau dimanche .<br /> <br /> <br /> Martine<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Ton texte est magnifique, pas de souvenirs à mon grand regret pour moi, je n'ai pas connue mes grands-parents des deux côtés hélas! bisous sandrine<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Merci pour ce superbe texte, du fond du coeur.<br /> d'ailleurs, puis je le copier et faire un article sur mon blog? bien sur je citerais la source avec le lien, normal .<br /> ma grand mère était une grande dame, un jour je lui ai joué un "tour" a peu pres semblable.<br /> merci de me donner votre ( ton) accord<br /> Je ne ferais rien sans celui ci.<br /> Qui est l'auteur ?<br /> belle soirée<br /> jluc<br /> <br /> <br />
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S
<br /> un bien joli souvenir de ta grand-mère et un poème qui m'a ému ...<br /> Très joli billet pour cette dame qui a compté dans ta vie ...<br /> Bisous et bonne fin de journée<br /> <br /> <br />
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